Bassin sculptÉ au nom de Bonifilius

vers 1300

La fonction de cette grande vasque sculptée est clairement indiquée par l’inscription latine  luterem  gravée sur le bord supérieur. Ce terme que l’on peut traduire par « fontaine » ou « phiale » – coupe utilisée dans les rituels – est dérivé du grec loutron qui désigne les bassins architecturés destinés à la purification dans les cours d’entrée des monastères orthodoxes.
Ce bassin est un précieux témoin du rôle de la Vénétie dans la rencontre des formes et des matériaux entre l’Orient et l’Occident au tournant du XIIIe siècle. Le marbre dans lequel il a été sculpté a très probable- ment été importé de Constantinople par les colons ou les croisés. Réalisé par Bonifilius, un artiste d’origine italienne, qui a gravé son nom sur le rebord de la vasque, il est orné d’une frise passante d’animaux qui, tout en rappelant des œuvres antiques, permet à la fois d’illustrer la passion de l’art roman occidental pour l’iconographie animalière et de conforter sa fonction liturgique purificatoire et son inspiration byzantine. Comme sur le bassin antique remployé en fonts baptismaux à l’entrée de la basilique Sainte-Sophie de Constantinople, des dragons y figurent. Ces animaux fantastiques alternent par paire avec des lions et une rare représentation de porc-épic. Dans la vasque, comme au fond de l’eau, on découvre enfin une salamandre, symbole purificateur. Servant de bassin à ablutions, il était probablement placé à l’entrée d’un édifice religieux dans l’Italie du Nord du XIIIe siècle.